Le changement d’heure, le joli zinc et la cheminée crado
Ça y est, on est passé à l’heure d’hiver.
C’est bizarre : dès qu’on sort du bureau, il fait nuit. Alors bien sûr on a l’impression d‘avoir fait des heures sup, d’être en retard pour souper, et résultat : on s’arrête plus boire un coup au coin de la vie. A croire qu’on nous a volé une heure !
Mais pas du tout : en fait, c’est l’inverse. Et on s’en rend compte assez vite parce qu’en rentrant plus tôt, ben on s’emmerde une heure de plus.
C’est que voilà, la semaine, on a comme un copinage avec la lumière. Et quand la nuit vient avant la fin du boulot, la flânerie, c’est une dérive qu’on s’accorde moins.
Par contre, le weekend, on se venge. Olala tu nous as vus samedi passé comme on a fait fort ? Et le changement d’heure n’a rien arrangé. Sans blague, on était super prêts. Au bistrot, on s’est avertis les uns les autres : « attention les gars ! on passe à l’heure d’hiver ! concentrés tout le monde ! on gagne une heure ! s’agit d’être vigilants ! » Et puis l’heure gratuite, pauvre ami, on l’a pas laissée passer ! Ah non, on l’a même avalée à grandes gorgées, accrochés au joli zinc, bien à l’écart du monde, à rien faire comme on aime.
C’est pour ça que l’heure change pendant la nuit : pour qu’on puisse mieux profiter de ce moment-là. Parce que si elle s’allongeait pendant la journée, les gens seraient pas d’ac. T’imagines, si t’es ramoneur : une heure de plus dans la cheminée toute crado ! Si t’as fitness : une heure de plus à pédaler à côté de la grosse dame qui jacasse ! Si t’es coincé sous une avalanche : une heure de plus à mourir de froid !
Finalement, c’est bien organisé cette histoire, même qu’elle a sa moralité : quand la lumière baisse et que le moral s’apprête à suivre, faut toujours le tenter, le truc de l’apéro.