Arafat, le raisin dans l’herbe et le supplice d’un sursis fade
Le coma, c’est un endroit pas terrible, pour finir sa vie.
Et sur ce coup-là, Monsieur Arafat n’a pas vraiment eu de veine : pour quelqu’un qu’a tout donné quand il pouvait encore, c’était un peu moche d’être garé-là, dans un néant de transit. C’est vrai quoi, déjà que c’est long une vie, alors si en plus, mourir n’en finit pas.
Sans blague, « Entre la vie et la mort », quelle zone à la con. Déjà l’un et l’autre sont difficiles à cautionner, mais alors traîner entre les deux, ça vraiment, on le souhaite à personne. T’es là mais t’es plus là. Autour de ton lit, tu sens bien qu’il y a de l’amour, mais à quoi bon ? Tu peux plus faire l’échange ; Autour de ta vie, tu sens bien que le monde s’affaire, négocie ta succession et fait tes cartons, mais t’es botté en touche, tu peux plus rien dire, plus rien faire. Impuissant, tu peux même pas éteindre la machine.
Ça doit être rageant, d’autant plus que franchement, avec tout ce qu’on nous bassine, à longueur de prêches, à propos des vacances derrière la fin, il y a de quoi se réjouir d’y passer. Si c’est parfait comme on dit, le paradis, faut foncer ! T’imagines : vivre pour toujours ; manger du raisin dans l’herbe ; revoir grand-papa ; bronzer sans crème ; sentir bon ; dormir sans cauchemars ; gagner aux cartes…
C’est mieux de partir en vrille que de rester à quai, figé dans le supplice d’un sursis tout fade. Et rien à voir avec un drapeau blanc, non, passer l’arme à gauche, c’est peut-être aussi la passer plus loin, à quelqu’un de plus solide. Faut savoir s’avouer fatigué. Et croire, ça épuise, parce que c’est une truc comme ça avec la foi : faut toujours un peu se forcer.
En fin de compte, il y a qu’une issue possible pour que l’espoir survive : passer le relai. Et là pas de soucis, on dirait qu’il y a assez de mains qui sont prêtes…