Les seins de la mariée, la perpétuité et la panique de mémé
Tout le monde se marie en juillet.
C’est parce que le ciel bleu fait plus réussi sur les photos, et puis s’il pleut sur la jolie robe blanche de la demoiselle, ben après on lui voit tout les seins et alors les gens rigolent au lieu d’être émus, à cause de l’oncle farceur qui zoome dessus pour envoyer la cassette à vidéogag.
Juillet favorise le contexte, d’autant plus qu’il fait tellement chaud dehors qu’on se réjouit d’entrer dans la chapelle, ce qui n’est pas forcément le cas le reste de l’année.
Mais alors après, c’est long comme procédure ! Et fatiguant : faut se lever, faut s’asseoir, faut s’agenouiller, pis après faut se lever, faut s’asseoir, faut s’agenouiller, ad vitam aeternam… et le tout sans entracte !
C’est exprès, pour nous faire éprouver un peu de cette perpétuité qui va avec le mariage, comme ça on peut pas s’empêcher de plaindre un peu les mariés qui se disent oké pour toujours. Ma foi c’est aussi ça le christiannisme : une école de la compassion.
Mais on s’exécute, sans broncher, alors que le curé s’enflamme avec ses recettes pour s’aimer toujours. Il dit des mots comme « patience », « partage », « pardon », alors qu’en fait, s’il y a quelqu’un qui n’y connaît rien au mariage, c’est bien le curé.
Tout d’un coup, le curé dit « Julie, voulez-vous prendre Philippe ici-présent pour époux ? » La fille répond rien. Ça met de l’ambiance, les gens chuchotent, mémé panique, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il s’est gouré de prénom ! Julie et Philippe, il les a fait hier ! Ah voilà ce qui arrive quand on marie les gens à tour de bras !
Quand c’est fini, on se précipite dans les voitures pour klaxonner comme si on était en finale, contents, et puis on se dit qu’après tout c’est plutôt bonnard le mariage, parce qu’enfin, ce soir, les mariés pourront faire l’amour.
Le Matin Dimanche