frédéric recrosio

Les impôts, le sens de la vie et la météo


Aaah ! La déclaration d’impôt !

C’était déjà quand le délai ? Fin mars ? Saperlotte, j’ai encore rien fait !

Alors d’accord, c’est pas bien, mais bon faut me comprendre : c’est ma façon de militer pour l’abolition de la torture. Sans blague, parce que moi je connais rien de plus profondément dégradant que de remplir un formulaire. C’est vrai, on a tous voulu être astronaute, empereur ou pianiste, et on se retrouve devant plein de petites cases qui nous narguent, en recto-verso, pis après il y a encore un recto, pis après un verso-recto-verso-recto-verso et ça finit jamaaaaiis ! Enfin… jusqu’à la dernière page où on met le total faux.

En plus, quelle drôle d’idée de décrire une année de rires et de pleurs avec des chiffres froids comme tout. D’un coup, on se sent algébrique. Personne n’aime ça, personne ne veut se faire enfermer dans un tableau à deux entrées.

Et puis, vouloir cerner les gens, quel orgueil. Le sens de la vie, c’est déjà rare qu’il se montre, alors faut être gonflé pour espérer l’attraper dans un solde de bilan. Ouais, on a pas vraiment le destin économique.

Et s’il faut à tout prix parler pognon, alors autant être bébête jusqu’au bout, et tout résumer en deux mots : pas assez. Pas assez pour acheter la jolie maison à côté de la rivière ; pas assez pour dire feukof à ton chef de service ; pas assez pour les machins de première nécessité qu’ils vendent chez Médiamarkt.

Seulement voilà, ça on ose pas l’écrire, alors ça y est on additionne, on additionne, en maltraitant ses outils de bureau (on dit « taper » sur une calculette, non ?), avant de faiblir et de remettre le tout à demain, en disant à des journalistes imaginaires que « voilà, j’ai été poussé à l’abandon, j’avais pourtant pris un bon départ mais… la météo… grand soleil… alors… »


Les impôts, le sens de la vie et la météo_


Carême, les carnages historiques et Jean-Michel_

Le changement d’heure, le joli zinc et la cheminée crado_

Johnny, les moufles et la compassion pour les victimes_

Les grosses voitures, les amanites phalloïdes et Bambi_

Les festivals, le bar qui va sauver ta vie et mardi_

Le tour du monde, la croisière CGN et les trucs de mec_

Papa-Noël, l’agrapheuse et les bêtises annulées_

Les calendriers, le carrelage jaune et les garde-frontières_

Les seins de la mariée, la perpétuité et la panique de mémé_